Dead|braiN : lambda
Par : Atzerkins
Genre : Fantastique , Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 4
L'antipathie d'un misérable
Publié le 25/08/14 à 22:06:29 par Atzerkins
Son réveil sonna, brisant le silence de sa mélodie à note unique, et il ne s'empressa pas de l'éteindre. Pendant quelques instants, ses yeux, déjà ouverts, fixèrent le plafond, avant qu'il ne perde à nouveau toute concentration. D'un mouvement plat qui ne rompait pas son calme, il appuya finalement sur le bouton de son alarme, et après quelques secondes de plus, se releva.
Tout comme il ne dégageait pas ses longs cheveux, il n'alluma pas non plus la lumière, et sans tâtonner l'obscurité locale, enfila son uniforme. Celui-ci ne le rendit pas plus intéressant, ni vivant. Il portait chaque jour la même tenue, composée d'une chemise et pantalon noirs. Une couronne dorée était supposée décorer sa veste blanche, ornée de doubles traits bleu-noir, le second plus fin que le premier, sur les contours, les revers, les épaules et les manches. La couronne, contrairement aux boutons, eux aussi dorés, de la blouse, s'attachait via un clapet, auquel elle était reliée par deux chaînes, qui se déposait sur la pochette du haut. Toutefois, l'ayant délaissée depuis son obtention, tout comme le gilet blanc qui formait son trois-pièces, le charme qui aurait pu s'en dégager était absent, et il faisait piètre état face à ses camarades, mais il ne les regardait pas pour s'en rendre compte.
Il sortit de sa chambre et s'engagea dans les escaliers, toujours à l'aveugle. Il trébuchait à chaque marche qu'il descendait, mais au final, il parvint au rez-de-chaussée sans incident. Il continua son chemin vers la cuisine, où il alla se chercher à manger, puis s'assit à la même chaise que la veille, pour prendre son petit-déjeuner, sans réchauffer ou cuisiner de lui-même quoi que ce soit. Il prenait pourtant bien plus que ne l'aurait suggéré son corps, inexpressif, mais il ne faisait que remplir son estomac jusqu'au soir et, ne se souciant pas du goût, ne mangeait rien qui pourrait qualifier de plat à quelqu'un d'autre.
Il ne ramassa pas après lui, laissant du travail supplémentaire à Arth. Ce dernier n'en était pas mécontent, craignant qu'il ne brise des assiettes, comme il ne se plaignait pas qu'il ne mange que des restes. Quelques années plus tôt, il lui aurait préparé un plat la veille, mais dans sa situation, il n'était pas en état de le remarquer, et Arth l'appréciait de moins en moins. Les deux individus se croisèrent comme toujours à l'entrée principale du bar, à huit heures précises, et changeant l'emplacement de son pied pour qu'il ne puisse s'habituer à l'obstacle, il tendit encore un croc-en-jambe destiné à le faire se heurter la face sur le béton, froid et humide après une nuit de pluie.
Malgré ça, il se releva comme si de rien n'était, et poursuivit sa route. Il n'exprima même pas de signe de douleur, mais Arth se doutait qu'il accumulait les blessures, tombant dans son piège chaque matin. De temps en temps, il essayait de lui parler, et ce fut le cas ce jour-là. Il l'interpella d'une simple phrase, qu'il se destinait plus à lui-même qu'au parti qui ne lui répondrait pas :
« Je ne te comprendrai jamais. »
Un dernier mot sortit de la bouche du barman, et l'entendant, il s'arrêta alors un instant, comme si finalement les mots l'atteignaient. Mais cette lucidité ne pût que s'effacer, sans laisser de temps à qui que ce soit pour remarquer sa réaction. Pour le barman, il n'eut que l'air de perdre l'équilibre comme à son habitude, et il manqua la seule fois où il réussit à le ramener à lui-même. Il avait dès le début conclu qu'il ne l'entendrait pas, et ainsi, il l'abandonna sans même le fixer pour aller s'occuper de ses propres affaires.
Il n'y avait rien sur le chemin pour le perturber : il n'avait même pas à tourner, si ce n'est à la sortie du bar, pour se diriger vers la ville. Les quelques passants qui, à huit heures, étaient déjà dehors, se souciaient de leurs propres affaires plus que de lui. Des fois, quand deux d'entre eux se reconnaissaient, ils se saluaient mutuellement, mais ça n'arrivait jamais avec cet enfant glauque. Il marchait dans son propre silence, ignorant même la vue qui s'offrait à lui, lorsque le vent balayait ses cheveux.
Comme un automate, il suivait simplement un plan déjà tracé, si parfaitement qu'il ne touchait jamais un mur, et toutefois pas assez pour éviter tous les pièges du sol. Les autres emprunteurs du passage se poussaient, lui laissant la voie libre, mais une personne en particulier traînait derrière lui, au même pas lent, sans pourtant donner une impression aussi pitoyable. Ses cheveux rouges le rendaient remarquable, et son allure le faisait noble, aussi était-il un individu unique en ce lieu. Malheureusement, sa présence n'atteignait pas le garçon en face de lui. Il affichait un sourire, comme s'il était amusé par celui-ci, tandis qu'il le suivait de ses yeux gris.
Ils continuèrent ce cheminement silencieux un long moment, sans qu'aucun des deux ne s'en lasse. Quand le poursuivant regarda l'heure, l'aiguille indiquait déjà neuf, mais il ignorait le temps qu'il avait passé à le filer. C'était la première fois qu'il voyait une horloge de la journée, suspendue au mur d'un des gratte-ciels, et il n'avait de montre personnelle. L'adolescent, quant à lui, ne leva nullement les yeux et plongea tête baissée en direction du bâtiment, tandis que l'homme plus âgé le fixait immobilement. Et lui aussi, comme l'avait fait le barman, détourna finalement son regard, laissant le garçon seul.
Malgré ses manières insouciantes d'agir, il donnait une forte impression de vieillesse et de raison. Il s'assit sur un banc et admira le trottoir opposé, laissant le temps s'écouler sans que les piétons ou les voitures n'affluent. Il aurait préféré observer le ciel, mais c'est là-haut que les voies débordaient de trafic. S'il levait la tête, il ne voyait pas un paysage pur et infini, mais un fleuve aux rives grises, troublé par des engins flottants et la lumière du Soleil, qui se reflétait parfois dans les vitres les plus élevées, plus qu'elle ne le faisait dans le dit fleuve. Il n'y avait pas de nuage, ce lendemain de jour de pluie.
Quand il s'ennuya enfin, il chercha à nouveau l'horloge géante. Elle affichait déjà les treize heures quand il réalisa qu'elle était légèrement trop haute pour que quelqu'un puisse la lire. L'installation semblait récente, malgré le vieux style analogique, mais il avait ses doutes quant à l'utilité de celle-ci, à hauteur des voitures volantes. Elle semblait avoir été conçue pour lui, probablement la seule personne capable de ne serait-ce que l'apercevoir.
Il pencha sa tête encore plus en arrière, et vit l'entrée devant laquelle il s'était arrêté. C'était une simple porte vitrée qui s'ouvrait d'elle-même, pour donner sur un accueil vide et assez sombre. Une inscription légèrement au dessus mentionnait le nom « Institut primaire d'études ». N'ayant, jusque-là, vu personne, il décida d'y pénétrer. Les portes s'ouvrirent sans peine, et rien ne semblait vouloir l'empêcher de continuer son aventure.
Il regretta d'avoir abandonné sa filature en voyant le plan de l'accueil. Celui-ci montrait clairement à quel point le bâtiment était vaste et il s'y perdait. Ne sachant pas l'âge exacte de sa cible ni son affiliation, il décida de suivre son instinct, et de rechercher sa présence, plutôt que d'analyser une carte. Il prit l'ascenseur, et s'arrêta là où il le sentait le plus proche. Un nombre se fixa alors au dessus de la porte, avant que celle-ci ne s'ouvre. Le rez-de-chaussée ayant été marqué comme zéro, il n'avait aucun calcul à faire : il était au soixante-cinquième étage, et l'aura qu'il recherchait était droit devant lui.
Tout comme il ne dégageait pas ses longs cheveux, il n'alluma pas non plus la lumière, et sans tâtonner l'obscurité locale, enfila son uniforme. Celui-ci ne le rendit pas plus intéressant, ni vivant. Il portait chaque jour la même tenue, composée d'une chemise et pantalon noirs. Une couronne dorée était supposée décorer sa veste blanche, ornée de doubles traits bleu-noir, le second plus fin que le premier, sur les contours, les revers, les épaules et les manches. La couronne, contrairement aux boutons, eux aussi dorés, de la blouse, s'attachait via un clapet, auquel elle était reliée par deux chaînes, qui se déposait sur la pochette du haut. Toutefois, l'ayant délaissée depuis son obtention, tout comme le gilet blanc qui formait son trois-pièces, le charme qui aurait pu s'en dégager était absent, et il faisait piètre état face à ses camarades, mais il ne les regardait pas pour s'en rendre compte.
Il sortit de sa chambre et s'engagea dans les escaliers, toujours à l'aveugle. Il trébuchait à chaque marche qu'il descendait, mais au final, il parvint au rez-de-chaussée sans incident. Il continua son chemin vers la cuisine, où il alla se chercher à manger, puis s'assit à la même chaise que la veille, pour prendre son petit-déjeuner, sans réchauffer ou cuisiner de lui-même quoi que ce soit. Il prenait pourtant bien plus que ne l'aurait suggéré son corps, inexpressif, mais il ne faisait que remplir son estomac jusqu'au soir et, ne se souciant pas du goût, ne mangeait rien qui pourrait qualifier de plat à quelqu'un d'autre.
Il ne ramassa pas après lui, laissant du travail supplémentaire à Arth. Ce dernier n'en était pas mécontent, craignant qu'il ne brise des assiettes, comme il ne se plaignait pas qu'il ne mange que des restes. Quelques années plus tôt, il lui aurait préparé un plat la veille, mais dans sa situation, il n'était pas en état de le remarquer, et Arth l'appréciait de moins en moins. Les deux individus se croisèrent comme toujours à l'entrée principale du bar, à huit heures précises, et changeant l'emplacement de son pied pour qu'il ne puisse s'habituer à l'obstacle, il tendit encore un croc-en-jambe destiné à le faire se heurter la face sur le béton, froid et humide après une nuit de pluie.
Malgré ça, il se releva comme si de rien n'était, et poursuivit sa route. Il n'exprima même pas de signe de douleur, mais Arth se doutait qu'il accumulait les blessures, tombant dans son piège chaque matin. De temps en temps, il essayait de lui parler, et ce fut le cas ce jour-là. Il l'interpella d'une simple phrase, qu'il se destinait plus à lui-même qu'au parti qui ne lui répondrait pas :
« Je ne te comprendrai jamais. »
Un dernier mot sortit de la bouche du barman, et l'entendant, il s'arrêta alors un instant, comme si finalement les mots l'atteignaient. Mais cette lucidité ne pût que s'effacer, sans laisser de temps à qui que ce soit pour remarquer sa réaction. Pour le barman, il n'eut que l'air de perdre l'équilibre comme à son habitude, et il manqua la seule fois où il réussit à le ramener à lui-même. Il avait dès le début conclu qu'il ne l'entendrait pas, et ainsi, il l'abandonna sans même le fixer pour aller s'occuper de ses propres affaires.
Il n'y avait rien sur le chemin pour le perturber : il n'avait même pas à tourner, si ce n'est à la sortie du bar, pour se diriger vers la ville. Les quelques passants qui, à huit heures, étaient déjà dehors, se souciaient de leurs propres affaires plus que de lui. Des fois, quand deux d'entre eux se reconnaissaient, ils se saluaient mutuellement, mais ça n'arrivait jamais avec cet enfant glauque. Il marchait dans son propre silence, ignorant même la vue qui s'offrait à lui, lorsque le vent balayait ses cheveux.
Comme un automate, il suivait simplement un plan déjà tracé, si parfaitement qu'il ne touchait jamais un mur, et toutefois pas assez pour éviter tous les pièges du sol. Les autres emprunteurs du passage se poussaient, lui laissant la voie libre, mais une personne en particulier traînait derrière lui, au même pas lent, sans pourtant donner une impression aussi pitoyable. Ses cheveux rouges le rendaient remarquable, et son allure le faisait noble, aussi était-il un individu unique en ce lieu. Malheureusement, sa présence n'atteignait pas le garçon en face de lui. Il affichait un sourire, comme s'il était amusé par celui-ci, tandis qu'il le suivait de ses yeux gris.
Ils continuèrent ce cheminement silencieux un long moment, sans qu'aucun des deux ne s'en lasse. Quand le poursuivant regarda l'heure, l'aiguille indiquait déjà neuf, mais il ignorait le temps qu'il avait passé à le filer. C'était la première fois qu'il voyait une horloge de la journée, suspendue au mur d'un des gratte-ciels, et il n'avait de montre personnelle. L'adolescent, quant à lui, ne leva nullement les yeux et plongea tête baissée en direction du bâtiment, tandis que l'homme plus âgé le fixait immobilement. Et lui aussi, comme l'avait fait le barman, détourna finalement son regard, laissant le garçon seul.
Malgré ses manières insouciantes d'agir, il donnait une forte impression de vieillesse et de raison. Il s'assit sur un banc et admira le trottoir opposé, laissant le temps s'écouler sans que les piétons ou les voitures n'affluent. Il aurait préféré observer le ciel, mais c'est là-haut que les voies débordaient de trafic. S'il levait la tête, il ne voyait pas un paysage pur et infini, mais un fleuve aux rives grises, troublé par des engins flottants et la lumière du Soleil, qui se reflétait parfois dans les vitres les plus élevées, plus qu'elle ne le faisait dans le dit fleuve. Il n'y avait pas de nuage, ce lendemain de jour de pluie.
Quand il s'ennuya enfin, il chercha à nouveau l'horloge géante. Elle affichait déjà les treize heures quand il réalisa qu'elle était légèrement trop haute pour que quelqu'un puisse la lire. L'installation semblait récente, malgré le vieux style analogique, mais il avait ses doutes quant à l'utilité de celle-ci, à hauteur des voitures volantes. Elle semblait avoir été conçue pour lui, probablement la seule personne capable de ne serait-ce que l'apercevoir.
Il pencha sa tête encore plus en arrière, et vit l'entrée devant laquelle il s'était arrêté. C'était une simple porte vitrée qui s'ouvrait d'elle-même, pour donner sur un accueil vide et assez sombre. Une inscription légèrement au dessus mentionnait le nom « Institut primaire d'études ». N'ayant, jusque-là, vu personne, il décida d'y pénétrer. Les portes s'ouvrirent sans peine, et rien ne semblait vouloir l'empêcher de continuer son aventure.
Il regretta d'avoir abandonné sa filature en voyant le plan de l'accueil. Celui-ci montrait clairement à quel point le bâtiment était vaste et il s'y perdait. Ne sachant pas l'âge exacte de sa cible ni son affiliation, il décida de suivre son instinct, et de rechercher sa présence, plutôt que d'analyser une carte. Il prit l'ascenseur, et s'arrêta là où il le sentait le plus proche. Un nombre se fixa alors au dessus de la porte, avant que celle-ci ne s'ouvre. Le rez-de-chaussée ayant été marqué comme zéro, il n'avait aucun calcul à faire : il était au soixante-cinquième étage, et l'aura qu'il recherchait était droit devant lui.
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